"Œil pour œil, dent pour dent, soldat pour soldat..." Le message envoyé le dimanche 30 août à Israël par le secrétaire général du Hezbollah aura été compris à 100 pourcent : ni les mannequins de soldats de l'armée sioniste montés à bord des robots, ni les drones ayant remplacé les effectifs de cette armée ne sauraient inverser ce que Nasrallah a qualifié d'implacable punition à infliger à l'armée sioniste en représailles à la mort de Kamel Mohesn, tué lors d'un raid au missile de croisière israélien, le 21 juillet, lequel raid a visé le sud de l'aéroport de Damas. Il s'agit non pas de faire du spectacle, de la pub... mais de consolider la règle d’engagement en rigueur depuis 2006.
Se basant sur le discours de Nasrallah, la chaîne 13 de TV israélienne prévoit un embrasement inévitable du front Nord : « Cela veut dire, affirme la chaîne, que l'état d'alerte maximal sur le front nord s’éternisera, que les unités des forces spéciales, du renseignement, de l'appareil de reconnaissance de l'armée israélienne resteront pour bien longtemps en posture défensive, à attendre l'infiltration des commandos du Hezbollah, que chaque soldat du Tsahal est une cible potentielle de ces mêmes commandos qui en sont à publier désormais les images des chars israéliens abandonnés, des mannequins de soldats destinés à leurrer le Hezbollah. Tout ceci présente un coût et est épuisant. Cette règle d'engagement, c'est Nasrallah qui en a l'initiative, bien que nous travaillions à la changer depuis plus d'un mois. »
Nasrallah compte-t-il dans son arsenal plus que les missiles de précision ? Il y a lieu d'en douter vu que la semaine dernière ses combattants ont réussi à intercepter puis à capturer un drone de reconnaissance de haute gamme israélien dans le sud libanais.
Mais il y a un second avertissement : Nasrallah sait parfaitement qu'Israël cherche à le pousser à une réponse rapide, façon d'accélérer le retour du front Nord à la normale. Le Hezbollah veut maintenir l'armée israélienne dans un état de confusion totale, humilier les soldats et discréditer l'armée auprès même de l'opinion israélienne sur fond de cette pression croissante qui s'empare du front Sud.
Or c'est une mine que Nasrallah plante en plein terrain de normalisation Israël/monarchies arabes. Car comment soutenir désormais le train de normalisation et y faire rallier Manama, Mascate voire Riyad, quand Nasrallah a réduit « l'accord de paix » à une simple soumission des Arabes aux Israéliens ?
« Les Israéliens méprisent ouvertement les Arabes, et surtout ceux qui les suivent. Ils ont refusé catégoriquement la demande de certains responsables des Emirats à arrêter l'annexion de la Cisjordanie et du Ghor, à leur livrer des avions furtifs F-35. Il est tout à fait clair qu’ils ne veulent pas la paix mais la soumission des Arabes. »
C'est la manière de Nasrallah de faire capoter un plan qui tente de placer les sunnites dans le même camp qu'Israël face aux chiites. Et visiblement, cela fonctionne, constate le rapport.